Le Taj Mahal compte parmi les sept nouvelles merveilles du monde. Mais en plus de sa somptuosité, l’édifice renferme une des plus touchantes histoires d’amour Mogoles.
Si notre visite remonte à Mars 2015, c’est un voyage de 5 siècles en arrière que nous vous proposons.
Dans les écrits, Agra existe au moins depuis le XIVè siècle. Sous le règne persan, elle a été capitale de l’empire avec les fondations de la cité telle qu’on la connaît aujourd’hui dans les années 1500.
De nombreux sultans se la sont arrachée, jusqu’au renommé Akbar grâce à qui elle connaîtra son apogée culturelle et économique. C’est là que l’empereur moghol Shah Jahan va apparaître dans l’histoire, marquant un tournant définitif pour la ville avec son Palais de la couronne, autrement-dit, Taj Mahal, perpétuant ainsi l’essor de la cité.
Aujourd’hui on se ballade volontiers dans de larges rues propres, bordées de verdure, avec une circulation plus paisible que dans le reste du pays.
Voici donc le récit qui fut à l’origine du Taj Mahal, avec des photos contemporaines et illustrations inspirées de l’art des peintures mogholes.
Le prince Kurram est le fils du grand Jehengar, 4ème empereur moghol d’Inde, le plus vaste empire du monde. Il hérite de l’Empire Moghol en 1627, alors qu’il n’a que 35ans. On l’appelle alors "roi du monde".
C’est adolescent déjà qu’à Agra-même, il fait la rencontre de Arjumand Banu Begam, dont la beauté est renommée. Leur passion mutuelle est immédiate. Elle n’a qu’un an de moins que lui.
En ces temps les mariages sont davantage question d’alliances politiques et Kurram est contraint d’épouser deux autres femmes, avant d’obtenir le consentement familial pour prendre enfin sa bien aimée comme épouse, à l’âge de 20ans.
On prénomme alors sa troisième épouse de Kurram : Mumtaz Mahal (la lumière du palais). Elle reste naturellement son épouse favorite et au fil des années devient son bras droit dans ses combats et ses conquêtes. La forte personnalité le conduit à poursuivre l’œuvre de ses aïeux, en étendant toujours plus loin les frontières de l’empire moghol.
Douce et présente, elle sait se rendre indispensable aux yeux de son mari dont le harem continue de grandir au rythme des conquêtes territoriales. Elle reste néanmoins à ses côtés dans ses stratégies et ses décisions, elle devient son unique proche conseiller, rôle rarement occupé par une femme en ces temps.
Le souverain et son épouse Mumtaz vivent leur passion intensément durant les 19années qui suivront le mariage. Ensemble ils ont 14 enfants.
En 1631, la naissance du quatorzième enfant donne lieu à des complications. Elle sent que l’issue sera fatale et fait promettre à son bien aimé d’ériger à l’image de leur amour pur, indestructible et intemporel, un monument majestueux.
C’est ainsi que le Shah, anéanti par la perte de son épouse, fait de sa promesse une obsession. Ses 23 années suivantes seront consacrées à l’œuvre que l’on connaît aujourd’hui.
Le shah prend soin d’élever l’édifice promis à Agra, capitale de l’empire et lieu de leur rencontre. C’est sur la rive droite de la Yamunâ, (un fleuve important tant par sa valeur symbolique que par sa taille) que le chantier commence en 1632, au sein des jardins des princes et des dignitaires .
Toutes les connaissances architecturales et d’ornement seront mises à profit. L’architecte Ustad Amad Lahori aura eu besoin de plus de 1000 éléphants avec 20000 ouvriers (esclaves ?) afin d’assumer ce chantier.
Les fondations sont faites pour supporter 25 tonnes par m², faites d’acajou fixées au moyen de mortier et gravats, dans des puits. Elles conservent une solidité à toute épreuve tant que les puits sont immergées des eaux de la Yamuna.
Les connaissances territoriales du Shah vont le conduire à choisir les matériaux les plus purs et les plus durables pour son projet.
Ainsi on reconnaît que Le marbre blanc, principal matériau, vient du Rajasthan, alors que le jaspe est extrait du Panjâb. La turquoise et la malachite proviennet du Tibet, tandis que le lapis-lazuli du Sri Lanka et le corail de la mer Rouge.
Il y a de la cornaline de Perse et du Yémen, de l’onyx du Deccan et de Perse, des grenats du Gange et du Boundelkand. L’agate trouva son origine au Yémen et à Jaisalmer (Ouest de l’Inde). Avec le cristal de roche de l’Himalaya, ce sont 28 types de pierres fines ou ornementales polychromes qui ont été incrustées dans les marqueteries du marbre blanc.
Joyau le plus parfait de l’art musulman en Inde, il réunit l’art Moghole, iranien, ottoman et indien en un seul lieu.
Le centre du palais est un mausolée où la feu princesse trouva sépulture en 1654.
(Photo prise en 2007 lors d’un premier voyage quand c’était encore autorisé)
Le Shah Jahan perdant ensuite de sa fougue tomba malade. Ses fils convoitent alors le pouvoir. Il se fait emprisonner. C’est en cette cellule qu’il connaîtra son dernier souffle, ayant contemplé de sa fenêtre, durant les dernières années, l’œuvre de cet amour. Il meurt en Janvier 1666, et est inhumé auprès de son aimée, Mumtaz Mahal.
En fait le Taj Mahal est une tombe !