1. La logistique
Il faut l’admettre, il y a le doux rêve avec Jules Verne, "explorateur de contrées inconnues" ... ou alors avec nous, le crédo quotidien :
« on dort où - on mange quoi - on y va comment - t’es sûr ? »
2. L’énergie
Voyager en routard est énergivore, sachez-le. S’adapter à de nouvelles règles, à un nouveau lieu, de nouvelles amitiés et de nouveaux aliments quand ce n’est pas une nouvelle langue, c’est excitant.
Et le faire tous les jours...c’est épuisant !
En plus en travaillant en freelance par internet... c’est exténuant !
3. Touriste ou pas touriste ?
Existe en le globe trotter cette véritable dualité :
• Il y a le besoin de se poser et de se relaxer. Arrêter d’être sur le qui-vive, l’espace d’un instant. Là, on a très envie d’être le touriste lambda qui se trouve un petit hôtel bien placé et cosy.
Alors on cherche les promos du net, par dépit on se retrouve à parcourir 11km et visiter tous les hébergements, pour trouver le petit paradis caché pas cher et mignon, qui va nous donner un brin d’apaisement.
Munduk - BALI
En général c’est le compromis qui l’emporte.
Et quel soulagement quand il n’y a qu’un seul choix. « Ah zut ! Obligés de prendre une chambre confortable. Bon ben puisqu’il n’y a pas le choix alors... »
Bagan - BIRMANIE
• Puis il y a les monuments et sites supposément peu connus, et les autres « incontournables ».
Xichen Itsa- Mexique
En général c’est la croix et la bannière pour s’y rendre. Ou alors c’est cher. Et souvent quand même l’usine à touristes.
Alors on en visite de moins en moins.
A New York, on s’est retrouvés au pied du Rockfeller, sans parvenir à y monter après deux jours intensifs à courir les musées opposés par Central Park.
4. Se poser dans un endroit fixe.
Marre de bouger tout le temps. Oui, la vie nomade nous a éprouvés. Déjà aux 7 premiers mois de voyage (14 pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie), notre hésitation allait constamment de « Allez on rentre ! » à « Oh, allez ! Encore un peu ! ». Mais rentrer où ? Même en France on n’avait plus de chez-nous !
Nous sommes donc rentrés en abrégeant (comprendre en "bâclant") un peu le reste. En Californie on n’a rien visité à part une ou deux entreprises de « la tech’ » et de la boulangerie, en passant par un espèce de pont rouge tenu avec des grosses ficelles.
Golden Bridge - SAN FRANCISCO
Exit l’Islande et l’Irlande tant attendus !
Tout l’or que le monde recèle...
Qu’est-ce qui nous faisait vibrer alors ?
Le fait d’être simplement à un lieu donné, de se sentir en parfaite adéquation avec ce milieu, à l’aise avec ce qui s’y passe et de se sentir -l’espace d’un instant- comme émerveillé.
Kaikoora Bay - NOUVELLE ZELANDE
Ce sont des petits instants magiques où on retrouve l’innocence des premiers pas en terre inconnue.
Et puis il y a la magie du moment. Quand on tombe sur le meilleur guacamole de sa vie, dans un petit pueblo perdu au fin fond du Chiapas Mexicain.
L’hôte qui vous a alors accueilli fortuitement a mis dans ce repas toutes ses plus belles intentions, son amitié, ses égards et vous le sentez. Vous vous régalez.
C’est une sensation qu’on peut connaître aussi dans un petit village d’altitude en pleine Savoie, je vous rassure. Mais là, c’est quand même du guacamole limite cueilli sur l’arbre ! Ça rajoute quelque chose. Le cheminement, fait d’enchaînements improbables, pour arriver à ce point précis du voyage, quelle sensation exquise !
Munduk - Bali
Quand le voyage est vécu dans l’intensité, sur un budget prudemment serré, que le facteur chance pèse à 60% dans toute décision, on se sent ouverts à tout. Prêts à tout. Et on se voit comme des êtres illimités !
On comprend aussi tous les avis et les points de vue, et on admets qu’il puissent "être". Dès-lors toute rencontre devient forcément providentielle, et on sait faire confiance au autres, comme à notre intuition.
Une fois expérimentée, cette sensation créera chez vous un besoin. Dès-lors, votre quête sera de revivre cette stimulation neuro/hormonale avec la même intensité. C’est ce qui nous amène à la raison profonde du voyage : ce que nous appelons « le shoot du voyageur » !
Ce shoot donne le courage de :
• marcher des heures sous la pluie avec nos sacs à dos pesants
• se risquer à prendre des véhicules d’allure douteuse
• faire des trajets de 22h au confort relatif
• dormir dans des chambres un peu répugnantes
• d’utiliser des douches peu engageantes (Ne parlons pas des toilettes, ok !)
• passer par des semaines de maladie violente
• rater le dernier transport de nuit à cause d’une incompréhension
• marcher des km dans la jungle, sans être sûr de la direction
• manger des choses douteuses
• rouler entre midi et 14h à deux sur un seul vélo, avec un soleil donnant 50°C
• s’engager avec toutes sortes de véhicules sur des passages peu recommandables
Et côté matériel :
• se faire voler ses chaussures et ne plus avoir que des fivefingers pour les mois suivants - Inde
• se retrouver avec son ordi (outil de travail) qui lâche au point le plus éloigné du globe - Nouvelle Zélande
• Être victime d’un piratage de carte bancaire au Mexique alors qu’à la date du retrait on n’est plus dans le pays
• l’appareil photo de Delphine qui fait une panne d’allumage, devenu inutilisable jusqu’au retour en France - Cuba
• joint de culasse HS sur notre van tout juste acheté la veille - Nouvelle Zélande
• casse de petit matériel constante (multiprise, batterie d’appareil photo, filtre de lentille)
On l’a déjà dit, après 600 jours de voyage, on est lessivés !
De retour, les gens sont émus de nous revoir, mais la vie reprend bien vite son cours. On a beau être préparé et s’y attendre, c’est comme si rien n’avait bougé. Paradoxalement, les choses qui ont changé nous confrontent sévèrement à notre absence.
Des amis qui sont devenus parents, des proches qui ont eu des accidents de santé...
Les animaux de la famille, qui ne sont plus là...
On se réadapte. Parfois le jugement peut s’abattre rapidement sur les globe-trotteurs de retours, du style « Alors ces deux ans de vacances ?? ». Mais heureusement pour nous, le soutien est resté assez général. Peut-être grâce aux articles du blog, aux articles dans les journaux ? Puis au soutien actif de nos familles et preuve faite de la fatigue accumulée par nos têtes de déterrés.
Le fait d’avoir rencontré beaucoup de professionnels, visité beaucoup d’entreprises durant le voyage, a aussi donné une dimension "sérieuse" au projet.
Village Heath Bakery - Jamestown RHODE ISLAND
Delphine n’ayant jamais arrêté de travailler pendant le voyage (en sa qualité d’illustratrice freelance), et peut-être le fait que je me sois moi-même mis à travailler immédiatement une fois rentré, n’a laissé que peu de place à toutes ces considérations.
Toujours est-il qu’un retour s’accompagne d’une envie d’encore voyager. Alors on a encore assumé nos promesses faites, d’aller rapidement pour le mariage de notre cousine en Écosse, puis d’une brève incursion en Croatie, au mariage des Bébous, couple d’amis rencontré en Thaïlande.
S’est ajouté à cela et un déplacement en Belgique pour voir des clients de Delphine (Graphiste illustratrice) qui ont participé en grande partie au financement de notre épopée en proposant nombre de contrats.
Enfin, Delphine est partie seule à Copenhague pour un workshop d’illustration avec Schoolism pour essayer de se reconnecter à sa créativité (elle aussi au bout du rouleau).
Ces derniers voyages réalisés, l’arrivée d’un hiver oublié depuis deux ans, nous renvoya douloureusement à la case départ.
Déprime latente, lectures sur l’instant présent et développement personnel, pression parentale entremêlé de bienveillance « Et les enfants, c’est pour demain ? ». Tout ça nous a d’autant plus pressé vers nos projets suivants -dont TATUP 2.0-.
Avec tout ceci on était déjà début 2017. Tous les deux, on s’est mis à proposer des cours photos.
On a encore beaucoup travaillé sur nous (et c’est encore pas fini, hein) on a pu renouer avec l’environnement familier. On croît que c’est l’environnement qui est hors d’accès, mais en vérité c’est à soi, qu’il faut se reconnecter, hein...là je ne vous apprends rien !
En revanche, l’héritage du voyage, c’est un optimisme constant, à travers les baisses de moral ou autres, toujours de l’optimisme. On se dit que ce n’est qu’une question de temps. Aussi, on se dote d’une capacité de lâcher-prise, surtout quand une situation reste hors de notre contrôle. Place au relativisme et à la tempérance.
De plus, on ne se laisse plus envahir par les déblatérations des médias et ça, ça repose bien la tête.
Le voyage est éprouvant, être à deux est un atout autant qu’une contrainte. Il est primordial de se rappeler que bien souvent le monde extérieur est une épreuve, que ce n’est pas la réalité de la relation qui invite au conflit mais l’illusion d’un problème.
Tout ça pour dire que nombre de couples ou d’amis voyageant ensemble ont vu leur binôme se dissoudre à la longue.
De ce côté, les moments ont été certes parfois durs. Mais jamais il ne nous est venu à l’esprit de partir sur des routes différentes.
Passer 24h/24 7j/7 ensemble, dans un contexte où les choix sont jamais bons (et simultanément jamais mauvais !) est une épreuve riche d’enseignements.
Revenir à une vie où chacun retrouve son monde (ne serait-ce que par les déplacements professionnels) sans manque de l’autre, est aussi une belle récompense. Cela signifie qu’on a rajouté des aptitudes à notre couple, et qu’il n’a rien perdu, en flexibilité.
L’Amour c’est plus que jamais la liberté et pas une prison.
L’idée maintenant de partir dans une nouvelle aventure ensemble avec le projet 2.0, sera la mise à profit de ces compétences et cette force acquises ensemble.
Il était déjà pas facile de tenir et financer le blog en voyageant, (en travaillant en plus pour Delphine). Mais là avec TATUP 2.0, rien que durant la mise en place, ça a été presque impossible. (Voir le peu d’articles mis en ligne depuis 2016).
Or, laisser en plan le blog au profit d’un nouveau projet n’est pas de notre genre.
Alors on a décidé de faire un montage vidéo, avec nos rush enregistrés partout dans le monde.
On n’est pas vidéastes, on n’avait pas prévu de faire un clip. C’est le montage de Delphine qui en a fait quelque chose de valorisable.
Pour bien comprendre les séquences, rien de mieux qu’un deuxième visionnage.
Pour savoir quels sont les lieux qui apparaissent, un sommaire de timeline a été rédigé. En effet, on s’est rendu compte que de sous-titrer les lieux concernés empêchait les gens de vraiment se plonger dans l’imagerie !
C’est en quelque sortes la vidéo qui finalise notre engagement sur TATUP-Le blog voyage. Cela ne signifie pas pour autant qu’on arrête de poster ou qu’on se désengage. On a encore des choses à raconter ! Mais on va faire ça en mode coup de cœur, sans plus forcément suivre la chronologie du voyage.
On doit finaliser les articles de la rubrique Pain dans tous les cas, vu la nature du projet 2.0 et leur publication régulière dans le magazine Industrie des Céréales.
N’ayant retenu aucun des pays visités pour nous installer, on a passé 6 mois à chercher un lieu pour mettre en place notre nouveau projet. Après plus d’un millier de kilomètres à sillonner la région... on a trouvé !
Certes, le site trouvé est à l’opposé de notre désir du départ.
Mais il représente le tremplin rêvé pour y arriver.
Vous allez enfin pouvoir connaître la nouvelle évolution du projet TATUP.
Quoi de mieux pour des artistes photographe-boulanger et peintre-illustratrice après un retour de long voyage ?
Changer le monde avec ce qu’on a appris.
Comment on fait ça ?
En s’implantant dans le tissu économique avec la volonté de sensiblement changer des règles.
En montant une boîte, en essayant de se sentir encore un peu des êtres illimités, en créant une structure avec ses propres règles. Une structure toujours prête à pousser les murs et étendre son champ d’action et l’espace de liberté.
Les objectifs :
• Une boîte éthique, responsable et optimiste.
• Avec un beau produit : des pains artisanaux au levain naturel
• De la qualité : farine biologique de blés locaux et écrasés sur meule de pierre
• Avec un pétrissage lent
• Une cuisson au feu de bois
• Des bois de chauffe certifiés issus de forêts locales et renouvelables
• Avec des fournisseurs payés au vrai prix
• Des clients respectés, par l’offre d’un produit au tarif accessible autant que de qualité optimale
• Des salariés écoutés, impliqués et bien payés
Pour cela il fallait :
• Un local spacieux et bien placé
• Un business plan sans faille pour se faire accompagner
• Un organisme pour se porter garant
• Une asso pour nous prêter les 4 premiers zéros du chiffre (Merci à l’IPAC)
• Une banque, pour nous prêter le 5éme zéro !
A force d’y croire, à force de temps, de patience et d’acharnement, nous sommes enfin en position de vous dire que...
...va voir le jour au courant de l’automne prochain !
Si vous êtes gluten free et vegan, ne vous inquiétez pas, ce sera prévu !
...nous importe plus que jamais. Alors, pas de crowdfunding, pas d’appel au don, juste un like sur notre page FB :) plizzz
Nous avions beaucoup pensé aux financements participatifs quand le projet s’est mis en route. Mais vu l’aboutissement de notre étude de marché (70 pages faites maison, avec tous les tableurs comptables), il aurait été injuste pour ceux qui en ont davantage besoin, de se placer dans cette demande, alors qu’on a finalement été suivi par les organismes classiques.
Nous avouerons néanmoins qu’il y a eu de longs moments d’incertitude et de stress, qui nous ont souvent fait penser que ce "Masterplan 2.0" n’allait pas aboutir. Mais de notre côté on avait déjà pris le risque de mettre toutes nos billes, ce qui a achevé de prouver qu’on en voulait.
Découvrez prochainement la nouvelle interface du site TATUP, pour faire de la place au nouveau plan, tout en restant bien encré dans ses racines. Restez connectés pour voir en quoi notre projet est différent des boulangeries conventionnelles -tant dans le fond que dans la forme-.
Installez vous confortablement, mettez du bon son, préparez un piti bol de popcorn, et c’est parti pour la vidéo A visionner jusqu’au bout :) !