A l’inverse de tout ce qui était préconisé dans les guides de voyage sur le pays, il a été très simple de retirer de la monnaie locale aux DAB, et de naviguer dans le pays.
Non, aucun agent militaire ne nous a suivis. Et non, pas besoin d’avoir des billets en dollars non pliés pour payer sa chambre.
La situation politique reste des plus incompréhensibles malgré la restitution du pouvoir à Aung San Suu Kyi, ayant vécu 20 ans recluse, prisonnière de La Junte militaire, libérée en 2010. Lauréate au prix Nobel de paix, héritière philosophique de son père qui s’est battu pour l’indépendance du pays, c’est après notre visite dans le pays (Mai 2015), que les élections législatives ont pu se dérouler en sa faveur (novembre 2015).
Elue, tous les espoirs étaient alors permis, mais qu’en est-il aujourd’hui ? Difficile de savoir.
En tous cas, nous sommes arrivés avec un contact sur place, ce qui nous a permis de nous sentir plus relax. C’est comme ça qu’on a su qu’il n’était pas nécessaire de venir avec des billets en dollars.
C’est Eunyoug, notre amie coréenne en travail expat’, habitant sur place, qui nous a accueillis chez-elle à Yangoon (ou « Rangoun », la capitale économique).
Elle nous raconte comment à son arrivée en 2010 une carte SIM coûtait 500$ et se revendait entre particuliers. Maintenant c’est 3$. La 3G est partout. La wifi souvent présente. Les choses changent très vite ici.
En 10 ans cette capitale économique est passée d’une population presque 100% cycliste à des embouteillages innommables. Et la ville de Mandalay suit le même sort.
Exemple de ce taxi avec la TV à bord.
En tous cas, chez Eunyoung, nous avons découvert la vie dans un quartier un peu en recul et découvert les marchés nocturnes.
Les voisins sont accueillants et rapidement très loquaces.
Ensuite plus rien, un silence paisible partagé. On apprécie le moment.
Une fois dans un bus de Yangoon , un jeune se rapproche et nous demande :
May I ask you a question, please ?
Puis-je vous poser une question svp ?
Il venait de le faire, mais on répond :
Yes, sure !
Oui, bien sûr !
Alors il nous demande :
Are you happy ?
êtes vous content/heureux
Là, on répond tout bête :
heu...yes, yes !
Et lui, rassuré et avec gratitude rajoute :
Ah good ! Very good, then I’m happy too !
Ah super, dans ce cas j’en suis très content !
Et pour la petite histoire, dans ce bus public, on a été reçus comme des invités. En d’autres termes, en tant que visiteurs : hors de question de nous faire payer, visiblement : on nous a rendu notre argent ! Deux fois sur deux jours !
De quoi changer des habituels harceleurs touristiques des pays adjacents. Je ne sais pas si la Birmanie va rester longtemps comme ça, mais nous on a été touchés par la gentillesse.
Les stigmates de la dictatures sont bien là, mais les birmans savent ce qui leur est cher. La vie, et la connaissance.
Caricaturalement 3 choix se sont longtemps présentés aux jeunes garçons :
Reprendre le business familial toujours susceptible d’être réquisitionné, et rincé par la junte
S’enrôler dans la junte militaire et devoir peut-être se retourner contre ses proches
Devenir moine bouddhiste et consacrer son temps à s’instruire et instruire.
D’où une alphabétisation de 93% dans le pays.
On l’a dit, la vie de moine est un refuge pour beaucoup ! Sans que cela ne soit vraiment un choix spirituel pour beaucoup d’entre-eux, c’est le statut qui a longtemps été le plus tranquille dans la société birmane.
Exemple de ce jeune homme à l’anglais irréprochable, précédemment guide touristique
Nombre de Birmans ont accès à l’anglais usuel.
L’auteur favori au Myanmar est Goerges Orwell (voyageur du pays), illustre auteur du roman hautement engagé : 1984, avec la célèbre référence de « Big Brother ». Tout juste surnaturel de trouver un tel roman, remettant en question un monde dictatorial, en libre vente dans les rues dont on pré-sent ce courant politique singulier et affirmé.
De même, un groupe de musique fait localement un tabac depuis 1991. Iron Cross.
Sur fond sonore contestataire, avec une forme engagée mais prudente. C’est ce qu’on entend dans les bus et dans les restaurants. Oui, en Birmanie, les moines bouddhistes écoutent du métal !
En allant à Bagan, on a même été couvert par le bus qui a quelque peu passé en force le barrage auquel tout touriste doit s’acquitter d’un visa de 20$/tête pour visiter la cité ! Incroyable !!
Le chauffeur a beuglé en Birman "Pas de touristes avec nous !" par sa fenêtre et a passé comme un calu, laissant les soldats de la junte bêtes et surpris, dans un épais nuage de poussière légère et en suspend s’ajoutant aux 50°C que les thermomètres affichent.
Un véritable sentiment de défiance -presque héroïque- nous a tous habités pendant les 10 minutes de trajet qui restaient ! Moi j’étais soulagé, car cela faisait 1 semaines que j’essayais de voir comment on pouvait gruger ce fameux visa ! Car sur place, que des hôtels de la junte !
Ben non, y avait plus simple : la version western du bus-boulet !
Bagan, cité templière de plus de plus de 2000 monuments et stupas, érigés entre les XIe et XIVe siècles, reste l’attraction touristique du pays.
Mais avec 50°C, vaut mieux visiter à 6h du mat’ et vraiment faire le touriste à l’hôtel le reste de la journée (ou bien travailler comme c’était le cas pour Delphine) !
Pour des trajets moins héroïques, on a eu droit à de luxueux bus Scania tout neufs, équipés de sièges douillets inclinables.
Avec le ticket, on vous fournit une bouteille d’eau, un petit pack de biscuit, une brosse à dent jetable. On vous prête une polaire (la clim de ces bus est frigorifique). Et non, on ne se retrouve pas avec des touristes. C’est que des locaux ! Alors difficile à savoir qui finance quoi et comment rester étique.
Il n’en demeure pas moins que l’immersion locale est une expérience pleine d’authenticité.
Les aires d’autoroute ne dérogent pas à la règle du thé offert. Comme dans toute petite guinguette en bord de route ou bien de renom, un thermos de thé est en libre service sur toutes les tables.
Quand les serveuses ne comprennent pas ce qu’on commande, elles rifougnent gentiment avec leurs collègues. Oui oui on se moque de nous, mais toujours avec cette candeur enfantine qui fait plaisir à voir. A la fin elles essayent toujours de nous comprendre.
Avec le plat principal est souvent offerte une assiettes de crudités fraîches.
Pour nous végétariens l’assiette se résume à une superbe soupe, des pâtes ou du riz fricassés, une salade de thé vert aux cornichons.
D’excellents plats, mais vus par les Birmans comme des accompagnements. Alors on nous en sert deux fois plus !
Il n’y a que dans les petits hôtels que l’accueil est parfois placide. Vu l’historique du pays c’est normal. Il n’y pas si longtemps, les touristes -comme nous- auraient été suivis par des gardes militaires durant tout le séjour, pour éviter tout type de trafic d’influence. Et en cas de soupçons ça ne devait pas rigoler.
On a adoré prendre le train de Pyin-Oo-Lwin à Mandalay. Enfin, pas tout à fait Mandalay, car on a du faire 1h de transport avec 15 autres personnes, à l’arrière d’un pick-up, ballotés comme des paquets.
Tout l’inverse du confort du train.
Dans les vieux trains d’origine, hérités de l’occupation britannique, la première classe donne accès à des sièges très larges, inclinables au complet, fixés sur un axe qui permet de les faire tourner et d’arranger l’assise par deux ou bien en salon de 4.
La classe inférieure, elle, n’est équipée que de grands bancs en bois.
Ce trajet valait le coup. Pour nous on a été époustouflés par la sensation d’envol ressentie lorsque le train passe tout en tranquillité et en silence sur un viaduc métallique, clou du voyage.
Les fenêtres grandes ouvertes, l’absence de barre de sécurité, la vallée qui s’étend à perte de vue donne l’impression que l’on vole...
Un autre train, celui de Yangoon est classé comme un must dans les attractions de la ville au regard de Tripadvisor.
C’est simplement une boucle qui revient au point de départ. On peut y observer la vie locale s’y dérouler. C’est un peu un ancêtre du tram, dans la fonction. Les marchands de poules côtoient les professeurs de lettres et les moines.
Des hommes sont en jupe et des femmes sont en pantalon !
Non, en vérité, pour hommes et femmes il y a le sarong. Un tube en tissus très large. Tandis que les femmes s’en servent surtout pour s’adonner à l’ouvrage, les hommes le portent par commodité.
Hyper adaptable il se retrousse en short pour jouer au Chinlon (foot asiatique avec une balle en rotin tressé).
Il s’élargit pour faire du vélo ou de la moto et s’asseoir accroupi...
...ou se nouer pour servir de maillot de bain.
L’héritage britannique est présent
Avec des constructions contemporaines inspirées très singulières
Et du rustique tout en finesse
La Birmanie recèle des trésors...