En 2013, peu avant le décès de ma mère, une promesse fait ancrer le projet de voyage dans une réalité dépassant la simple envie de découverte.
Indira vient du sanskrit इन्दिरा et signifie "beauté". Dans la littérature hindoue, c’est l’épouse du Dieu Vishnu.
C’était là que l’Inde n’était plus seulement une destination intéressante, mais devenait aussi un lieu de pèlerinage personnel.
Contents de quitter Jaipur, nous arrivons à Haridwar. 7h du matin, le ciel est couvert, il fait frisquet.
Haridwar est le lieu qui a connu le plus grand rassemblement humain de tous les temps : la Kumbh Mela (littéralement « fête de la cruche »). Ce rassemblement hindou a lieu tous les 13ans. On estime en 2013 le nombre de pèlerins venus pendant les 3 semaines, à plus de 100 millions (Une fois et demi la population de la France toute entière).
Le photographe Eric Bouvet a immortalisé des séquences dont on imagine la ferveur.
Bon, nous c’était pas pareil. On est arrivés sur une place en terre battue après que le car ait traversé toute la ville.
On sympathise avec Ali, une jeune espagnole qui va à Rishikesh, comme nous ! On avait réservé sur notre appli Makemytrip un petit hôtel.
On découvre Rishikesh à 30km de Haridwar. C’est une petite bourgade établie de part et d’autre du fleuve avec des zones piétonnes de chaque côté, jointes par des ponts piétons eux aussi.
On a fini par partager avec Ali le même tuktuk pour aller à Rishikesh et on a même partagé notre logis une semaine avec elle avant qu’elle ne reparte pour l’Europe, c’est comme ça qu’on s’est noués d’amitié, surtout Delphine, contente de cette rencontre pleine de sens, dans ce moment très spécial.
Quand on raconte notre tour du monde, on se confronte souvent à la question de « comment vous est venue cette idée ? ». On explique alors que la Nouvelle-Zélande (où nous sommes au moment où nous écrivons ces lignes !) et l’Islande étaient nos destinations de rêve. Mais que j’avais surtout fait cette promesse à Indira, ma mère, de disperser ses cendres dans les sources du Gange, au pays de ses ancêtres.
Nous avons donc pris le temps de chercher un lieu qui soit joli, où l’eau du Gange est belle.
Selon la tradition hindoue à laquelle ma Mère appartenait, nous avons rassemblé des offrandes avec du camphre à brûler. Le principe est que grâce à la fumée, le contact est établi avec les divinités, qui peuvent alors se délecter des effluves des offrandes. La nourriture présentée devient alors sacrée et doit être consommée par nos soins.
La flamme est transportée par les eaux : une pensée forte pour tous nos proches et ceux de ma mère qui auraient voulu être là aussi, accompagnait nos prières adressées à l’Univers
Illustration de Delphine en 2013
Nous avions l’impression que ma mère était à nos côtés depuis le début dans nos péripéties, qu’elle voyageait avec nous et même qu’elle protégeait nos sacs.
C’était là, comme si soudain, nous allions nous retrouver seuls, sans ma Mère.... la fin de son livre, bien que ce fut le début d’un nouveau chapitre, le mien.
Le moment est resté magique, avec l’impression que nous étions au bon moment et au bon endroit.
J’étais vraiment heureux d’avoir pu accomplir mon devoir et je me sentais libéré...
Depuis le début du voyage nous avons eu beaucoup de chance à chaque fois, que nous avons souvent bien voulu attribuer à une protection émanant de ma mère. Force fut de constater que cette chance ne nous a pas quittée pour autant. Signe qu’elle sera toujours une partie de nous ? En tous cas on veut le croire !
Juste après ce moment très émouvant, se déroulait vraiment par hasard à côté de l’endroit que nous avions choisi, une magnifique puja (cérémonie de prières et d’offrandes hindoues). Rituels très beaux qui nous ont maintenus dans une émotion très forte.
Le Sūrya Namaskāra (salutation au soleil) est une pratique spirituelle précise de Yoga dans laquelle on s’incline face au soleil levant, en signe de gratitude envers la nature et ses bienfaits.
On est donc restés à Rishikesh quelque temps, où nous avons fait de belles rencontres et découvert l’Inde sous un nouveau visage.
Cet article n’a pas été facile à rédiger (3 semaines de réflexion) car je ne savais pas si je devais, sur TATUP, faire part de cette expérience personnelle.
En plus d’être un important hommage à ma Mère, c’est un hommage à La Vie, c’est en ce sens j’ai voulu le faire...