Rétrospective du voyage dans le nord de la Côte d’Ivoire - partie 2
En arrivant à Korhogo, nous rencontrons Mamadou qui se propose d’être notre guide durant ces 2 jours.
On commence tout de suite notre visite chez les tisserands du village Waraniénié.
Ce village compte 2000 habitants, comprenant 2 chefs : un chef musulman et un chef animiste.
On distingue les maisons des animistes par leur forme ronde, celles des musulmans étant carrées.
Dans ce village, seuls les hommes tissent.
Chaque métier à tisser comprend 200 fils afin de fabriquer des bandes de 15 cm de large.
Ces bandes seront ensuite cousues pour devenir des vêtements, des nappes, des couvre-lits..
Les femmes ont aussi leur part de couture, avec de la laine.
Elles s’occupent d’ailleurs de carder la laine (brosser pour enlever les saletés)
et de la filer avec une quenouille, maintenue grâce à une perle de Kapele !
Le programme en perspective
Nous partons donc à la découverte des fameuses toiles de Korogho.
C’est avec le tissus fabriqué à Waraniénié que ces toiles prennent vie.
Nous rencontrons Yéo Drissa, artiste peintre sur toile reconnu. (C’est lui qui a été choisi pour accompagner et représenter l’artisanat Ivoirien lorsque l’équipe de foot nationale est allée disputer des matchs en Allemagne en 2006.)
Dans la famille, ils se transmettent le métier de père en fils. Yéo travaille depuis l’age de 6 ans avec passion et ne voudrait pas quitter son pays pour faire autre chose nous dit-il.
Avec ses frères, ils réalisent 3 toiles par jour.
Les toiles sont en fait des totems personnels. (Chacun a son animal protecteur, dont la désignation se fait au hasard des rencontres. Avoir un totem engageait auparavant la personne à ne plus manger cet animal et le respecter.)
Couleurs naturelles utilisées :
le jus de maïs fermenté pour le noir ( bière de mil ou tchapalo)
le sorgho pour les ocres et les rouges
le marron, on mélange les ocres et le noir.
L’utilisation de cet espèce de couteau à peindre est assez difficile.. mes traits sont tous tordus :p
Je l’offre tout de même à Yéo en souvenir de ce moment de partage :)
Le lendemain, nous allons voir les perles du village de Kapele.
Damele Braima, travaillant depuis l’âge de 7 ans, nous accueille et nous explique la fabrication de ces perles.
Les perles sont façonnées à partir d’argile de la rivière et de beurre de Karité !
Elles sont roulées à la main.
Avec des pics de bambou, on les perce et on les fait sécher au soleil pendant 24H.
On les roule dans du son de riz avant de les faire brûler, elles prennent alors une teinte noire.
Ensuite on peut commencer la mise en couleur avec, comme pinceau, une miniplume de poulet !
C’est tout une technique , il faut arriver à faire tourner rapidement la perle grâce au pic de bambou, tout en gardant immobile sa plume de poulet !
J’ai bien galéré et Damele m’a bien aidée à tenir mon pic :)
Résultat :
La mienne !
On retrouve les mêmes couleurs utilisées pour les toiles de Korhogo.
En plus : le blanc est crée à partir de pierres Kaoulé nous a-t-on dit.
Le vert, à partir de feuilles de Tek ou de Cajou.
On part ensuite pour le village qui produit un beurre de Karité avec la méthode traditionnelle :
une fois terminée le ramassage des noix de Karité tombées à terre, celles-ci sont lavées et séchées au soleil. On enlève ensuite la coque de la noix, pour récupérer l’amande à l’intérieur.
C’est mon bras là qui tourne cet étrange chauffe-eau remasterisé :)
Ces amandes sont ensuite grillées, moulues jusqu’à obtenir une pâte épaisse, mélangée à l’eau.
Les femmes devront alors malaxer cette pâte afin d’obtenir une couleur jaune/blanche.
L’huile obtenue sera débarrassée de ses impuretés et une fois laissée à température ambiante, elle se transformera en beurre. Nous avons toujours avec nous un peu de ce beurre pur dans le voyage. Ça répare la peau, les lèvres et les cheveux à grande vitesse et ça a presque une odeur de chocolat !
Il paraît qu’en Afrique, ils l’utilisent comme huile de friture aussi !
Voilà où sont passées toutes les fleurs !
Nous avons droit à une démo privée de la part de Bakali Emé, artiste percussionniste reconnu en Côte d’Ivoire !
Ce fameux bâteau !
Le retour à Abidjan fut ensuite plus zen quand même que l’aller semé d’embuches.
Dans tout ça ce qui reste troublant, c’est de constater que les habitants de Korhogo sont habillés des mêmes vêtements chinois que tout le monde. Le tissage n’est plus que destiné à l’export et aux rares touristes.