Près de Morondava, un bras de mer a donné l’idée d’une exploitation de sel à des entrepreneurs Malgaches
Nous avons eu le plaisir d’être invités dans ce lieu prometteur, qu’aucun visiteur n’avait encore vu ! Et pour cause, le projet de création de cette saline va tout juste avoir deux ans.
Le site, nommé Siran’I Menabe, est stratégiquement situé à Ampataka Tsibolobitika , au niveau du bras de mer. La dureté des rayons du soleil y est intolérable par moments, et la force du vent vous fait manger du sable, si vous souriez ! Des conditions rêvées, quoi !
Source image satellite [1]
Rien que pour l’accès, une route (ou plutôt une piste) a dû être frayée à travers une épaisse forêt de 11km. Cet accès a nécessité un travail à la main de 90 ouvriers logés sur le chantier et a duré 90 jours
Sur le site, un hameau a été installé pour accueillir les 40 salariés de l’Entreprise. Ces saliculteurs vivent sur place 9 mois par an, avec leur famille pour ceux qui en éprouvent le besoin
9 mois est la durée d’intervention sur site et de traitement du sel jusqu’à récolte
Investi dans ce projet, c’est Felisoa Rabehasy qui nous a invités à découvrir cet endroit :
« Au début, nous explique-t-il, nous avons passé neuf mois sur place pour prêter main forte et rester attentifs à l’avancement des travaux. Aujourd’hui nous pouvons enfin nous relayer et ne rester que par tranches de 3 semaines, un luxe. »
« Tout ce temps, loin de nos familles restées à Tana, nous le passons à Antsakoameloka , une commune située entre Morondava et Ampataka Tsibolobitika »
Solofoniaina Rakotoseheno, beau-frère de Felisoa, aussi très investi dans l’affaire :
« Oui, ajoute-t-il, nous nous sommes installés dans une petite maison dont le confort est au strict minimum. Nous nous organisons, car c’est notre lieu de travail, de détente et de repos. Entre les différents acteurs financiers et les collaborateurs nous sommes entre 5 et 8 à nous partager l’espace. Une fois, mon épouse et ma fille sont venues une semaine. Elles ont alors établi des règles élémentaires de vie en société, qu’elles trouvaient indispensables. Ça a bien marché...pendant qu’elles étaient là ! »
Felisoa et Solofoniaina nous confient aussi que « ce point, à Antsakoameloka , est stratégique pour la coordination administrative, car nous devons rester en lien avec un chef du village pêcheur traditionnel, dont dépend Ampataka Tsibolobitika . En outre nous devons assurer le ravitaillement pour les salariés et le comptable doit être en mesure de nous voir régulièrement. »
Le plus marquant lorsqu’on pénètre Siran’I Menabe, c’est l’étendue
Avec l’arbre c’est joli, mais sans l’arbre, on voit mieux l’étendue
D’abord on sème l’eau salée (comme dans les rizières, mais de sel)
Ensuite, on attend que le soleil fasse ressortir les couleurs
Puis, ça pousse... enfin, ça s’agglomère
Et ça cristallise
Les cristaux sont alors récoltés et ramenés au lavage sous ces deux charpentes que l’on distingue au loin
Pour l’instant 30 hectares ont été mis à profit
Le potentiel du site est de 70 hectares !
La fleur de sel laisse augurer une excellente qualité saline
En effet, des cristaux ont été prélevés et ils sont particulièrement purs
Un sac de gros sel est prêt à partir pour les analyses de laboratoire
Problèmes de maths pour ceux que ça intéresse :
La motopompe ne pompant que 8h/jour (quand c’est marée haute) ; et le soleil ne rayonnant que 14h/jour, quel est le taux d’évaporation ?
Plus sérieusement :
La profondeur des bassins étant, à l’origine, d’une vingtaine de centimètres, sur 70 hectares, avec un taux de sel à 6%, quelle est la quantité de sel qu’espèrent exploiter les saliculteurs ?
La première récolte à plein rendement aura lieu dans les semaines à venir.
La qualité est au rendez-vous. Tout le monde espère que la quantité le sera aussi. Mais l’optimisme est palpable.
En attendant, il y en aura déjà plus que prévu, car nous avons oublié d’emmener l’ échantillon et la fleur de sel que l’on nous avait offerts.
Mais ayant mangé sur place à midi, nous en avons consommé en conditions réelles.
Après quelques heures, nous reprenons la piste de 11km, pour quitter ce lieu "secret". Nous traversons des forêts de baobabs nains
Puis de nouveau sur la route nationale, nous faisons un crochet par le très réputé baobab amoureux !
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Nous avons appris que la récolte de sel réalisée sur Novembre a atteint les 800 tonnes. Des images édifiantes nous ont été communiquées pour vous :)