Vous ne rêvez pas, on parle de chocolat !
Suzanne a créé l’entreprise La Maison du Chocolat Ivoirien en 2008 sous la marque “Les douceurs de Suzanne”
Elle a du se battre, d’autant plus qu’elle n’est qu’un petit bout de femme, dans un domaine exclusivement masculin et déjà largement contrôlé en Afrique.
Sa volonté a été d’ouvrir une porte vers le "Made in Côte d’Ivoire " pour montrer au monde que ce pays possède aussi un excellent chocolat et le savoir faire en la matière.
Son engagement a été tel qu’elle y a sacrifié beaucoup de son temps de famille et de sa vie de femme.
Encore aujourd’hui elle travaille la terre avec ses planteurs et producteurs de cacao .
Elle voit chocolat, pense chocolat, elle ne vit que pour le chocolat...et ses filles, qui heureusement la comprennent !
Voici une petite visite guidée sur les lieux de production, proposée par Suzanne :
La Côte d’Ivoire, terre d’accueil depuis toujours : c’est en 1970 que les premières cacaoteraies y ont été implantées.
Aujourd’hui, elles représentent 2M ha. La Côte d’Ivoire est le premier pays exportateur avec 40% de la production mondiale, soit près de 1 500 millions de tonnes annuelles.
Cabosse de cacao sur l’arbre
Plusieurs qualités existent et des hommes crapuleux qu’on appelle les "pisteurs", sont des entremetteurs qui ont le pouvoir d’affamer les producteurs pour obtenir la vente à bas prix de leur production. Ils n’hésitent pas à recourir à des mélanges de qualité et à exercer une certaine influence pour faire dévaluer le taux officiel. Cela se fait au profit de grands groupes industriels.
Alors les planteurs voient leurs tarifs s’aligner sur des montant ridicules. En 2003, on a vu le prix du cacao chuter à 207 CFA (o,31€) par Kg au lieu des 800 CFA supposés du marché.
C’est ce qui a inspiré à Suzanne une autre manière d’envisager la filière. Transformation sur place, sauvegarde des procédés et du produit à chaque étape.
Avec les planteurs elle œuvre pour le maintien du tempérage manuel du cacao, la torréfaction artisanale. Elle seule achète en direct de quoi produire 8 tonnes de cacao par an, sans compter le beurre et la masse de cacao.
Suzanne : “Je n’embauche que des femmes parce qu’elle se battent avec force et n’abandonnent jamais, même quand le travail est extrêmement rude et difficile. Malgré que certaines d’entre elles ne savent ni lire ni écrire ! ”
Suzanne espère même créer un institut de formation à l’intention des planteurs et pour former des chocolatiers ivoiriens.
Beurre de cacao :
Son action est primordiale car elle a initié l’idée de transformation sur place et la notion de qualité "Made in Côte d’Ivoire ".
Nous n’avons cependant pas pu approfondir la visite vers les laboratoires de confection, car Suzanne tient à rester assez discrète sur le lieux de fabrication et surtout sur ses procédés et on la comprend.
Par exemple elle travaille sur un procédé unique de vieillissement du chocolat (comme le bon vin), qu’elle fait maturer entre 6 mois et 2 ans. En tant qu’amateurs de bons chocolats noirs, c’est sans-doute l’un des meilleurs morceaux qu’il nous ait été donné de goûter.
Par ailleurs loin d’être rustre, Suzanne n’a pas manqué de nous accueillir avec les douceurs les plus éloquentes !
Cet épais chocolat chaud/amande me fait envie rien que d’y penser ! Et pourtant à l’heure où j’écris ces lignes on est en Thaïlande pile à la période où il fait 40°C à l’ombre. C’est sans hésiter que Suzanne a partagé avec nous son petit goûter qu’elle s’était préparée, un délicieux morceau de Manaïch (Pâtisserie salée au thym et au sésame). De quoi combler le petit boulanger en moi !
Pendant ce temps, derrière leur vitrine, des quantités de petits chocolats faits mains attendaient d’être choisies puis dégustées :
Pour en revenir à la Côte d’Ivoire, pleins de projets ambitieux sont en cours afin d’envisager un avenir meilleur à l’égard des planteurs ivoiriens. Suzanne veut donner cet exemple-là. En montrant le chemin à suivre, avec l’espoir que même les multinationales s’impliquent davantage pour la revalorisation de cette filière, en revendiquant sa qualité.